Le colloque « Droits des baignades, droits aux baignades. L’accès aux rivières urbaines face au réchauffement climatique » se déroulera le jeudi 28 septembre 2023 à la salle 100 du Centre des Colloques, Campus Condorcet, Place du Front Populaire à Aubervilliers (93).
Animé par de nombreux intervenants (architectes, géographes, urbanistes, architectes, juristes, sociologues, historiens et professionnels de la natation et de la sécurité aquatique), celui-ci porte sur la baignade fluviale
dans une période où le changement climatique et l’augmentation de l’intensité des canicules incitent la populations « à se jeter à l’eau » alors qu’en France, la baignade dans les cours d’eau est, dans la plupart des cas, interdite par des règlements locaux.
Ce constat incite donc à réfléchir le renouvellement des usages de la baignade dans un contexte où, paradoxalement, la législation en la matière renvoie plutôt aux interdits et que la raréfaction de l’eau risque de compliquer l’exploitation des établissements aquatiques.
Argumentaire :
Dans la plupart des villes de France, une ressource reste inexploitée : la baignade en rivière. Malgré une urgence sanitaire croissante de créer des zones de rafraichissement dans les villes en temps de canicule, grand nombre
d’initiatives de baignade fluviale en France demeurent impossibles, souvent pour des raisons administratives et malgré une qualité d’eau de baignade confirmée par les ARS. Le point du départ du colloque est l’hypothèse que c’est la responsabilité juridique ressentie par les collectivités, y compris sur le plan pénal, qui empêche l’accès des citoyens à la baignade en eau libre ; elle est de ce fait le plus souvent interdite. Ce n’est pas le cas dans les pays germanophones, où la notion généralement acceptée d’un usage « aux risques et périls » s’applique à la plupart des installations dans l’espace public dont les citoyens profitent largement. L’exemple le plus parlant est la baignade transfrontalière dans le Rhône. Tandis qu’à Genève, la descente du Rhône à la nage est une activité de plus en plus répandue, elle est interdite dès qu’on a passé la frontière, alors que la qualité de l’eau est la même. Que faire ? L’objectif du colloque est de développer la question de la responsabilité juridique pour les baignades urbaines en France sous un angle comparatif inter-français et européen : Qui a les compétences sur l’usage des fleuves, rivières, lacs, mers ? Comment expliquer les différences de pratiques observées entre les communes françaises, allant de l’interdiction stricte accompagnée d’amendes, à la simple mise en garde, jusqu’à une relative
tolérance ? Et dans ce cadre, quelle doit être la place de l’apprentissage de la natation ? La question se pose aussi au niveau européen, et nous permettra de documenter les règlements et les usages en Allemagne, en Suisse ou au
Danemark par exemple. Comment les pratiques à l’étranger pourraient nous aider à penser les possibilités de baignade en eau vive en France ? Laisser les populations se baigner à leurs « risques et périls » a-t-il un sens en
France ? Réfléchir sur les difficultés juridiques et administratives est une urgence dans un moment où nous savons que les canicules à venir pousseront de toute façon les populations à se jeter à l’eau, avec ou sans permission.